Collins et Armstrong, « faux jumeaux »
By XAVIER ALEXANDRE
Ouest-France, le 25 mars 2003
Amis, issus de la même école d’art de Toronto (Canada), Paul Collins et John Armstrong ont réalisé un travail commun… Original. Un même mot a inspiré à chacun une photographie. Quarante-neuf sujets ont ainsi été traités par un double regard. À voir à l’artothèque.
Ils portent les prénoms des plus célèbres Beatles. Au vrai, cela n’est pas particulièrement étonnant quand on s’appelle Collins ou Armstrong. Ce qui l’est plus, c’est la démarche de ces deux artistes, qui, à quelques milliers de kilomètres de distance, ont travaillé sur la même idée. John Armstrong vit à Toronto, où il a étudié à l’Ecole des arts visuels de York university. Paul Collins, qui enseigne aujourd’hui à l’école des Beaux-Arts de Caen, a partagé les mêmes cours. Les deux amis ne se sont jamais perdus la vue, ont partagé de nombreux travaux et s’influencent mutuellement.
Cela commence un peu comme un canular imaginé au cours d’un déjeuner. Collins et Armstrong jettent sur papier une suite de mots, du plus courant qui soit : chaise ; radiateur ; collègue ; patron ; publicité de voyage. Il y en a 49. « Cinquante, cela faisait liste bloquée. 49, cela laisse une idée d’infini », précise Paul Collins. Il est vrai qu’on pourrait continuer longtemps sur cette trouvaille épatante. Réunies par deux sur un même tirage traditionnel, les photographies présentent un effet stéréoscopique, qui donne petit caractère rétro a l’ensemble.
Pourtant, c’est un reflet tout à fait contemporain qu’offre cette suite, avec ses variantes européennes et nord-américaine il en reste heureusement. Et si on laisse prendre totalement au jeu de devinettes, à savoir qui a fait quoi, à noter les analogies, les différences, les coïncidences. Jusque dans le « sujet libre » où d’un côté on a un bras, de l’autre un grand panneau publicitaire envahi par un motif à la Vasarely. Entre la chair de poule en gros plan et les ronds de l’op art, il y a comme des points communs…
Le titre, « Jim » (suivi d’une flèche), fait référence aux graffitis indiquant le chemin qui mène à la tombe de Jim Morrison, le chanteur des Doors, au cimetière du Père-Lachaise à Paris. L’album, qui reunit ces photos, le reprend. «Notre idée première était d’avoir ces paires de photographies dans un livre signé de nos deux. Notre éditeur a souhaité qu’on ajoute un commentaire autour de chaque mot. Ce qu’on a fait. Mais ce ne sont pas des légendes », explique d’une voix ces deux « faux jumeaux » de la photo.
o Pratique. « Jim », à l’artothèque, jusqu’au 3 mai. Mardi, jeudi et samedi, de 14 h à 18 h 30 ; mercredi et vendredi, de 11 h 30 à 18 h 30. Entrée libre. L’album, aux éditions Coach House Books : 15 €.
Et aussi, « Lakeshore », galerie de l’école des Beaux-Arts, rue de Géole. Du lundi au vendredi, de 13 h à 16 h. Entrée libre.